Quand on parle de cinéma numérique on peut évoquer beaucoup de choses différentes en même temps. La "numérisation" du cinéma s'est faite en plusieurs étapes et par plusieurs "bouts" ! Quand on regarde la chaine de fabrication d'un film, on peut distinguer 3 étapes majeures: le tournage, la post-production, la diffusion.
Nous y reviendrons dans le détail mais il est important d'avoir une vision globale tout d'abord.
Le "numérique" est un terme utilisé pour décrire une information qui utilise des valeurs prédéfinies fixes et espacées (un escalier a des marches de hauteurs et largeurs connues, et disposées de manière regulière) à l'opposé de l'analogique qui autorise toutes les valeurs. En musique, un son analogique (naturel) sera composé d'une combinaison d'ondes continues. Afin de le numériser, on va prendre des échantillons à espacements réguliers dans le temps (on parle de fréquence d'échantillonnage) et on va attribuer une valeur à chaque échantillon. Cette valeur doit se trouver sur des valeurs prédéfinies de l'escalier.
Le nombre de valeurs possibles dépend de la résolution (du nombre de "bits") voulue pour le furtur signal numerique. L'avantage du numérique est qu'il n'utilise que des échantillons du signal de départ, donc prend moins de place. Par ailleurs, le résultat est fait d'une séries de 1 et de 0 (les bits), que l'on va pouvoir compresser (autre gain de place). Au final, un son est transformé en fichier (séries de 0 et de 1 sur support informatique). Selon la résolution (nombre de bits définissant le nombre de valeurs possibles), la fréquence d'échantillonnage (le nombre d'échantillons par seconde ) et la compression voulue (PCM non compressé, MP3 très compressé etc...) le fichier final sera plus ou moins volumineux.
En cinéma, le son numérique est apparu il y a déjà longtemps. Si on observe une pellicule classique telle qu'elle est encore lors d'une projection 35mm, on peut observer qu'il y a à coté de l'image:
- la bande son analogique (on peut voir la forme analgique du signal)
- des bandes sons numériques dédiées selon les compressions et configurations: DTS, Dolby ...
Images: Rotareneg (GNU Free Documentation License)
On voit le son analogique tout à droite (on reconnait les ondes), le son SDDS numérique dans la bande bleue à gauche, le son numérique Dolby en gris entre les perforations, et enfin les synchronisations (timecode) du DTS en pointilles tout à droite. Le numerique est un ensemble de 1 et de 0 (point noir/bleu ou blanc) alors que l'analogique est une onde.
Par ailleurs, un autre aspect du cinéma est déjà numérique depuis les années 90: la post-production.
Effet, nous avons vu comment un son est numérisé. Mais ce processus est aussi applicable à une image (maintenant que les appareils photos numériques sont partout, on en est bien conscients).
Depuis les années 90 et suite à l'apparition d'appareils comme le Cineon de Kodak, on peut desormais filmer un film en 35mm, le scanner image par image en numérique, faire toutes une séries de corrections (couleur, masques, effets spéciaux, "nettoyage" d'image etc...) que l'on appelle post-production car on altère le contenu artistique apres la production (le tournage) et enfin de-transferer le film modifié en pellicule avec une imprimante laser. Ce processus s'appelle le Digital Intermediate (DI), l'intermediare numerique, nous y reviendrons en détail.
Enfin, les 2 derniers domaines qui n'avaient pas encore connu de "numérisation" massive étaient la captation (caméra cinéma) et la projection. Les années 2000-2010 ont vu l'arrivée progressive des techniques numériques dans ces 2 domaines jusqu'au boom que nous connaissons actuellement. Nous y reviendons en détail aussi bien evidemment!
... à suivre...
